Des Jeux ... au limbique 2024
Inspirée par l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol «Olympic Rings»,
(1984), je rajoute mon premier grain de sel.
Quarante ans après l’organisation des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, ce tableau est tellement actuel, et célèbre par sa présence à la Fondation Louis Vuitton, les Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Boycottés par les pays de l’Est, ces Jeux ont été un tournant dans l’histoire des évènements sportifs. Les cinq anneaux colorés représentant les cinq continents et reprenant la couleur des drapeaux du monde entier sont le thème central de l’œuvre de Warhol. Ce sigle est repris par Basquiat dont « l’intervention se fait en noir par l’obstruction d’anneaux et l’imposition frontale d’un visage noir, celui de «l’homme invisible» au cœur de
l’œuvre» (Fondation Louis Vuitton). La victoire d’athlètes de la communauté afro-américaine leur a permis une plus grande visibilité. Basquiat, dans cette oeuvre à 4 mains, a repris ce thème dans le contexte fraternel et universel de cette ferveur olympique.
A la ferveur nationale et populaire que ces Jeux de 2024 suscitent, se mêlent à la fois des émotions de joie, d’enthousiasme mais aussi de défiance, de peur voire de doutes, quant à ces sentiments d’universalité qu’ils seraient censés véhiculer. Le contexte politique mondial ne l’augure pas vraiment.
L’impact économique et médiatique de ces festivités sportives est un enjeu majeur qui ferait presque oublier la fraternité et l’universalité du symbole olympique. Et pourtant, nous aurions bien besoin que ces valeurs nous galvanisent, non ?
Le sprint vers les premières épreuves a commencé…Les valeurs portées par Pierre de Coubertin qui voulait rendre le sport plus populaire et promouvoir une paix internationale en fédérant des athlètes et spectateurs du monde entier, garde tout son sens en ces temps de terrorisme au Proche Orient et Moyen Orient, de guerre en Ukraine…
En ce moment même, on pare notre capitale de ses plus beaux atours, la Tour Eiffel arbore fièrement ces cinq anneaux olympiques, trente tonnes qui alourdissent sa robe métallique, et on en profite pour faire du «nettoyage social» en chassant la misère hors de Paris, surtout aux abords de la Basilique de Montmartre, où la flamme olympique doit être exhibée.
La lumière de la flamme, symbole de ce grand consensus, éclaire le faste, l’effort
collectif, les athlètes des cinq continents, les villes qu’elle honore mais elle brille par son absence dans les endroits où la Barbarie et l’Horreur sévissent et qui auraient eu besoin de sa chaleur.
Depuis quelques jours, la lumière a du mal à percer…l’obscurité vient d’assombrir nos pensées, figer nos réflexions et ressusciter la mémoire collective. Des enjeux politiques scelleront bientôt notre sort, ici, en France, pourvu qu’il ne soit pas funeste.
Préservons cette lumière qui éclaire les chemins de la paix, avant qu’elle ne vacille trop et qu’elle finisse par s’éteindre et nous plonger tout à fait dans la nuit de la haine et de la déshumanisation. Protégeons le feu, soyons garants de ces valeurs prométhéennes, gages de notre liberté.
Croyons en nous, en notre culture de démocratie et donnons à tous les athlètes la
force, la détermination, la pugnacité d’aller jusqu’au bout de leurs rêves de médailles afin que leurs sacrifices, leur dévouement et leur abnégation ne soient pas vains.
Puissent ces Jeux Olympiques, porter l’espoir et nous unir…
Panem et Circenses !
Patricia Peschang-Cammas
Pôle EMDR Toulouse
«Grains de sel»
Juin 2024